- Pour Laurent Chabot, la lumière est un phénomène physique, un transport d'énergie sans transport de matière, comme le mouvement d’un rêve visible dont le soleil serait le véhicule.
Plasticien, poète et photographe, Laurent Chabot aime capter ce phénomène à travers la seule couleur qui a valeur à ses yeux. « J’ai commencé à peindre en jaune en 1983, l’année de mon arrivée à Paris. L’été, de mon appartement, je voyais au loin le quartier de la Défense, plombé dans une lumière voilée, la même que celle du bout du champ de mon adolescence, une touche de pollution jaunâtre en plus. C’est ce qui m’a amené à penser la lumière, pure et impure, la lumière à son zénith… ».
Depuis, les thèmes se sont succédés avec le soleil en point de mire ou en observateur privilégié, comme un empereur ou un pape à leur balcon, un orfèvre disposé à façonner quelque pièce de son choix. New York, le désert d’Atacama au Chili, les paysages de la campagne française avant la moisson, les paysages de la campagne française après la moisson et les meules, partout, comme de nouvelles rotondités autour desquelles une nature complice, sereine et pudique se prête à notre admiration.
Appliquées avec soin, plusieurs couches de peinture transparente augmentent l'effet de profondeur du motif et de la couleur (c’est la technique du glacis des maîtres classiques). Les formats sont généreux,comme le peintre d’ailleurs dont le travail témoigne d’un respect quasi filial pour la nature en général, la campagne en particulier, lieu de ses origines, matrice de son talent.
« La question, c'est de comprendre où se situe le tracé du travail graphique. Avant la pose du jaune ? Après ? Magie alléchante !. Est-ce l'aube ? Est-ce le crépuscule ? Le présent passé ? Le futur ? » comme s’interroge Sylvie Reymond-Lépine (Conservatrice à La Ville de Paris). Éveil ou coucher, peu importe finalement, puisque Laurent Chabot nous invite à la noce. Alors, ensuite, on peut dire que Van Gogh se serait volontiers promené dans ces tableaux nimbés de leur huile jaune ou que Rothko se plairait bien à rencontrer un tel artiste. Et, le disant, nous ne serions pas si loin de la vérité.
Jean-Pierre Delest
- Roland Deleu est architecte et artiste. Né en Belgique, il vit et travaille à Paris. Si les formes, les espaces et les volumes n’ont aucun secret pour lui, la peinture, le dessin et la sculpture sont tout aussi innés dans sa vie d’artiste. Ayant grandi dans un milieu de constructeurs et d’artistes, sa carrière paraît tout naturellement comme le prolongement de son enfance. Il étudie aux Arts Déco à Paris et débute directement cette vie parallèle d’architecte – artiste en présentant ses premiers projets architecturaux à Paris et à New-York tout en inaugurant ses premières expositions de dessins et de sculptures.
« Peu de frontières entre ces disciplines, affirme-t-il, une même sincérité, un même goût pour l’authenticité et l’ambition d´être indémodable. » Ses oeuvres varient entre abstraction et figuratif, alliant poésie, émotion, humour. Aujourd’hui, sa nouvelle démarche présentée ici, « Art »chitecture, illustre la symbiose de ses deux préoccupations majeures : l’architecture et la sculpture. Dans la même logique constructive que pour ses grandes œuvres réalisées par assemblage de plateaux de bois, il travaille ici en petits formats avec des feuilles plus fines, en mariant des « personnages » avec des simulacres d’architectures imaginaires.
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